Pourquoi le cerveau est-il plus attiré par le négatif que par le positif

Pourquoi le cerveau est-il plus attiré par le négatif que par le positif?

Hypnothérapeute à Paris depuis plus d’une décennie, j’ai pris le temps de rencontrer un neurologue et certains spécialistes de la santé mentale pour poser la question la plus demandée par les personnes que j’ai rencontrées en hypnothérapie : Pourquoi le cerveau a-t-il plus de facilité à penser négativement que l’inverse ?

Les psychologues observent effectivement que notre cerveau a tendance à se focaliser davantage sur le négatif que sur le positif. Ce phénomène est connu en psychologie sous le nom de “biais de négativité”. Ce biais a des impacts significatifs sur notre perception des expériences de nos vies et sur nos projections mentales. Nous retenons plus facilement nos échecs que nos succès, les défauts d’une personne que ses qualités, les critiques plutôt que les compliments, et ainsi de suite. Ce penchant pour le négatif peut parfois nous plonger dans un état pessimiste. Dans l’extrême, le biais de négativité a le pouvoir de nous faire sombrer dans un burn-out ou dans une dépression.

Mais pourquoi notre cerveau retient-il mieux le négatif que le positif ?
Les neurologues expliquent cela par le fait que nos pensées sont naturellement attirées par les informations négatives.
La fonction principale du cerveau est de contrôler nos actions à partir des informations sensorielles qui nous parviennent. Lorsque nous éprouvons une peur, nous savons aujourd’hui que c’est l’ensemble du cerveau qui s’active. Toutefois, au cœur de notre cerveau, l’amygdale est une structure dont la fonction est de réguler nos émotions telles que l’anxiété, la colère, la peur, etc. Elle nous aide à détecter les potentiels dangers, en se focalisant sur les informations suscitant des émotions négatives. L’amygdale génère automatiquement des réponses physiologiques à un danger avant même que celui-ci ne soit perçu consciemment. Les différentes formes d’anxiété traversent toujours notre amygdale.

Le cerveau n’étant pas cloisonné, Il arrive que ces informations fassent réagir en temps réel le siège de nos émotions, d’autant plus si nous y prêtons attention.

Il semble important de préciser que par nos inquiétudes, nous sollicitons souvent inutilement l’amygdale. Ce phénomène peut facilement développer des peurs d’avoir peur et nous enfermer ainsi dans un cercle vicieux de nos pensées.

Mais pourquoi la structure de notre cerveau est-elle avant tout architecturée sur la protection et la peur ?
L’évolution de notre cerveau remonte à une période où nos ancêtres devaient constamment se protéger des dangers de leur environnement. Ainsi, notre cerveau priorise naturellement les informations négatives pour maximiser nos chances de survie et cela depuis plus de 300 000 ans. Aujourd’hui même si le cerveau a évolué, il dispose toujours des mêmes fonctions. Nous héritons donc de cet inscrit naturel de survie. Cet ancrage de protection et de besoin de sécurité persiste dans notre psychisme malgré l’évolution de nos sociétés et notre environnement qui a énormément changé. En réalité, nous le savons, nous sommes évidemment moins en danger et notre espérance de vie en est la preuve.

Mais quel est le point de vue des neuroscientifiques ?
Certains chercheurs observent que « chaque jour, 70 000 pensées nous passent par la tête. 27% d’entre elles sont négatives et 3% seulement sont positives. Toutes les autres concernent des broutilles. Et très peu sont nouvelles : 95% de nos pensées nous ont déjà traversé l’esprit. »

Prendre conscience du fait que nous avons spontanément environ dix fois plus de pensées négatives que positives peut nous permettre d’être plus vigilant, nous ne sommes pas obligés d’orienter et de nourrir toutes nos projections mentales sur elles.
Même si notre petite voix intérieure a pris l’habitude de nous envoyer des messages de protection, nous ne sommes pas obligés d’y croire, surtout si ces perceptions génèrent des pensées irrationnelles ou démesurées.
Le changement positif se fait généralement lorsque nous évitons d’amplifier ce phénomène par des ruminations intempestives. Plus nous accordons de l’importance à nos peurs ou à nos croyances limitantes, plus nous nourrissons inconsciemment notre souffrance. Aujourd’hui cette observation est confirmée scientifiquement.
Albert Moukheiber, docteur en neurosciences, explique que : « le cerveau humain produit naturellement des pensées, émotions et actions automatiques, que les psychologues appellent heuristiques, et qui nous permettent d’évoluer dans un monde trop complexe pour être appréhendé dans toutes ses nuances. Aux heuristiques viennent se superposer des pensées secondes, comme des pensées sur nos pensées qui s’expriment par une petite voix dans notre tête : on les appelle les métacognitions. » Extrait du livre « Votre cerveau vous joue des tours » aux Éditions Allary.

Les pensées négatives peuvent avoir un impact important sur notre santé mentale et physique. Aussi, il est important de ne pas multiplier les sources d’informations négatives. Pour donner un exemple, les médias, qui diffusent majoritairement des nouvelles négatives, renforcent l’anxiété en captant notre attention. Cela peut conduire à un cercle vicieux, surtout si nos pensées négatives sont constamment sollicitées et donc amplifiées.

Si notre cerveau est attiré par le stress extérieur, nous pouvons nous faire piéger de la même façon par nos informations intérieures. Nous conditionnons notre cerveau par nos ruminations négatives.
Il est prouvé que le cerveau ne fait pas la différence entre l’information perçue à l’extérieur et l’information à laquelle on pense. Dans tous les cas nous renforçons les connexions synaptiques par l’activité de nos réflexions.
Depuis les années 1970, les grands sportifs utilisent des coachs pour augmenter les réseaux neuronaux de confiance et de capacité. Inversement, par le biais de nos ruminations d’inquiétude, nous influençons et conditionnons inconsciemment notre esprit à répéter des schémas qui vont à l’encontre de notre bien-être.
Comme nous l’avons déjà vu, il est observé que la structure de notre cerveau répète à 95% les mêmes schémas neuronaux. De nombreuses personnes prennent ainsi l’habitude de multiplier les mêmes connexions négatives par des ruminations excessives de peurs. C’est un auto-conditionnement qui se fait inconsciemment.
Heureusement le changement est possible, surtout s’il est désiré. Nous le savons, nous sommes libres de penser à ce que nous désirons. Même dans notre esprit, nous pouvons changer de chaîne afin de soulager et de transformer soi-même les réseaux d’informations neuronaux inutiles. Nous ne sommes pas victimes du stress ou de notre histoire, mais il faut reconnaitre que nous avons progressivement appris à notre cerveau à focaliser sur les informations anxiogènes et sur la non-acceptation du passé. Le neurologue Alain Prochiant explique que « Ce n’est pas le cerveau qui génère la pensée, mais c’est bien la pensée qui génère le cerveau. »
Nous avons donc à prendre conscience que nous pouvons faire évoluer nos projections mentales.
Pour cela, il est essentiel de s’entrainer à focaliser les pensées sur le présent positif, de relativiser et de réapprendre à revenir « ici et maintenant » pour dissoudre les schémas automatiques qui nous renvoient inconsciemment vers des schémas du passé en lien avec l’inquiétude et la peur.

Le cerveau a beaucoup de mal à profiter du présent, il a plutôt l’habitude de s’orienter vers des évènements qui n’ont pas été acceptés dans notre vie. Mais ce mécanisme psychique peut être vu différemment. Nous devons comprendre qu’il est un véritable système de vie.
Pour déjouer cette programmation, il faut oser travailler sur soi-même, afin de déjouer les informations pessimistes. (N’oublions pas que notre cerveau est spontanément attiré dix fois plus par la peur que par la joie.)

La transformation se fait aussi lorsque nous portons un autre regard sur nos mécanismes de notre cerveau. De nombreuses personnes se jugent dans leurs ruminations et se culpabilisent de projeter trop de pessimisme dans leur vie. Ces pensées que l’on nomme métacognitions comme nous l’avons vu ne font qu’amplifier dans notre esprit les projections négatives. Il est alors important de changer le regard que l’on perçoit de soi-même et de découvrir que la nature répond à un équilibre.

Si la fonction naturelle de notre système immunitaire est de nous protéger des virus et des microbes dans notre corps. Les pensées de protection quant à elles agissent dans notre cerveau pour nous protéger de nos expériences douloureuses, afin de ne pas les reproduire et donc, par ce biais, de survivre. Prenons un exemple concret : une personne victime d’un accident violent va enregistrer une peur inconsciente. Elle va donc percevoir des pensées parasites qui vont générer des croyances négatives et des angoisses excessives. Il faudra un certain temps pour que cette personne dépasse les pensées limitantes exprimées par sa petite voix intérieure. C’est un moment nécessaire pour réaliser que le danger est exagéré. Ce temps permet de retrouver la confiance naturelle et ainsi de se sentir libéré des freins psychiques qui étaient enregistrés inconsciemment.

C’est en observant nos peurs que nous pouvons calibrer leur véracité. Nous ne sommes pas obligés de croire en des pensées stressantes surtout si elles sont démesurées.
Avec le temps, une grande part des peurs exprimées par notre petite voix intérieure nous apparaissent moins réelles. Pour percevoir ce changement, nous pouvons prendre l’initiative d’arrêter tout simplement de les nourrir. Avec un peu d’entrainement, en arrêtant d’y croire nous stoppons les angoisses perçues comme étant excessives, irrationnelles ou démesurées. Avec le temps, nous désamorçons les informations enregistrées inconsciemment. Nous continuons à percevoir des pensées de peurs, mais nous arrêtons de les nourrir par d’autres pensées inutiles. Nous laissons passer les informations anxiogènes et nous ralentissons les pensées, émotions et réactions automatiques qui amplifiaient autrefois notre anxiété.
En adoptant une attitude qui met l’accent sur le présent positif, nous pouvons progressivement changer notre perception et retrouver un bien-être mental, physique et émotionnel.
Par ce changement, nous activons une forme de résilience face aux ruminations perçues, mais aussi face à nos histoires douloureuses. Notre cerveau prend alors rapidement l’habitude de ralentir les connexions inutiles. En fidélisant cette nouvelle attitude mentale, il est visible que nous désactivons de nombreuses connexions synaptiques douloureuses.

Notre cerveau dispose d’un mécanisme de protection que nous devons reconnaitre comme étant une fonction nécessaire. Cela fait partie d’un équilibre que l’on retrouve spontanément dans la nature. Le retour au bien être devient accessible si l’on corrige le curseur de nos conditionnements de survie et de nos émotions négatives. C’est en apprenant à notre cerveau à relativiser que nous désactivons nos vieilles peurs et nos angoisses. Avec le temps, il devient facile de voir que moins nous accordons d’importance à ces informations exagérées, plus nous développons notre sentiment de liberté dans notre façon de raisonner.

Il est donc primordial de prendre conscience du fonctionnement de notre cerveau, afin de pouvoir nous détacher de notre accoutumance au stress.
C’est un chemin qui nous pousse à nous alléger de la dualité perçue. Nous savons bien que dans chaque situation, nous pouvons projeter du négatif et du positif.
C’est en renforçant notre capacité à voir « le verre à moitié plein » que nous pouvons cultiver un état d’esprit plus équilibré et naturel.

En conclusion, notre cerveau a une propension naturelle à se concentrer sur le négatif plutôt que sur le positif, phénomène hérité de notre évolution ancestrale pour assurer notre survie. Toutefois, il est essentiel de comprendre les répercussions de ce biais de négativité sur notre santé mentale et physique, et d’apprendre à rééquilibrer nous-même notre perception en nous focalisant sur le présent positif et en apprenant à relativiser les informations négatives diffusées par notre petite voix intérieure. En prenant conscience de la qualité de nos ruminations, nous pouvons progressivement modifier notre façon de voir le monde et de nourrir notre bien-être mental, physique et émotionnel. Cultiver ce nouvel état d’esprit positif et équilibré est une voie vers la réduction du stress. Ce chemin nous amène à trouver en soi une vie plus sereine et épanouie.

En pratiquant quelques séances avec un hypnothérapeute, l’apprentissage qui permet de libérer les pensées automatiques peut inscrire plus rapidement de nouveaux schémas de pensées.

Comments are closed.