Observation de la pensée
Notre cerveau est une vraie machine à créer des pensées. Nous savons aujourd’hui avec l’aide des IRM que l’activité de nos neurones est en effervescence même la nuit. Un milliard de milliards de connexions par seconde. Cette puissante activité dégage des ondes qui sont plus ou moins élevées selon notre degré de repos ou d’énervement.
Mais dans tous les cas, nos pensées s’enchaînent les unes derrière les autres dans un flux d’informations sans interruption.
Naturellement nous avons tendance à imaginer que nous avons une pensée puis un espace de silence ou de repos pour ensuite recréer une nouvelle pensée. En fait il en est tout autrement. Du premier jour de notre naissance, jusqu’au dernier jour sur terre, notre cerveau fabrique et fabriquera constamment des pensées. Donc entre nos pensées conscientes, notre mental analytique continue à réaliser des pensées inconscientes. Ces dernières pensées fonctionnent sous forme de ruminations souvent cachées ou imperceptibles. La plupart des personnes ignorent ce mécanisme, tout simplement parce que ces pensées ne sont pas conscientes. Pourtant grâce a l’IRM nous voyons clairement cette activité de la pensée sans repos possible. Pour donner un chiffre approximatif, les ruminations sont trente fois plus nombreuses que les pensées conscientes. Environ 60 000 pensées par jour. 2 000 pensées conscientes et 58 000 pensées sous forme de ruminations. Nous sommes donc en permanence en train de pensées sans le savoir, puisque nos ruminations sont très difficilement perceptibles. Observer les ruminations est un exercice très complexe surtout si l’on a jamais pratiqué la méditation. Il est donc important de prendre conscience que nous subissons très souvent nos pensées sans en être conscient.
Les particularités des ruminations
Les ruminations sont souvent des pensées très brèves et très nombreuses qui papillonnent dans notre tête. La particularité de ces pensées réside à la fois dans le fait que la personne ne les perçoit pas, mais surtout dans l’idée que la personne a la sensation de ne pas pouvoir les maîtriser et donc les gérer. Les ruminations sont très souvent des pensées inconscientes. Aussi comme l’explique le psychanalyste : Dr J.D. Nazio « l’inconscient c’est la répétition ». Une des particularités importantes réside dans le fait que nos ruminations se répètent inlassablement. Nous devons accepter de voir, si nous souhaitons guérir, que nous automatisons inconsciemment les mêmes pensées.
L’impact de notre histoire sur la pensée
Notre cerveau a pris de mauvaises habitudes. Depuis de très nombreuses générations, nous avons traversé des guerres, des combats et de la violence pour survivre. Notre cerveau s’est donc développé progressivement sur le besoin de se protéger. Nous pouvons voir grâce à l’IRM que notre cerveau fabrique aujourd’hui 4 fois plus de pensées de défense que de pensées positives. Notre histoire a donc un impact direct sur notre psychisme, puisque les pensées de peurs sont très présentes.
Il est donc important de préciser que nos ruminations sont généralement très concernées par cette négativité de la pensée.
La fuite de nos propres pensées
Le flux de pensées est tellement dense que l’on a du mal à imaginer l’impact sur la personne. Mais de toute évidence, chaque personne cherche un moyen pour calmer ses propres ruminations. Pour cela, dans le meilleur des cas la personne va se créer des centres d’intérêts ou des passions, afin de se divertir. Souvent la personne dit explicitement qu’elle fait son actualité pour « débrancher ». Mais si l’on regarde de plus près, la personne crée son loisir dans le but d’essayer de fuir ses propres pensées.
Ainsi, écouter de la musique, faire du sport, regarder des écrans sont des moyens avant tout d’échapper à ses propres pensées.
Le détournement de la pensée semble donc possible, mais il faut préciser qu’en dehors de la méditation, aucune activité permet de canaliser le mécanisme de la pensée. L’activité ou le loisir joue juste le rôle de dérivation de la pensée. Mais ce mécanisme est plutôt de l’ordre de la distraction de la pensée, car la pensée ne s’arrête pas. La pensée reste toujours en action dans le cerveau, elle est juste détournée.
Si l’on prend le cas de ce phénomène à succès : les jeux vidéos. On observe facilement que la personne rentre volontairement dans un univers virtuel pour échapper à quelque chose. Mais si l’on regarde de plus près, on comprend facilement que c’est une fuite. Une fuite des pensées personnelles vers d’autres pensées, vers un autre univers.
Pourquoi fuir nos pensées ?
Nous avons vu que notre cerveau crée 4 fois plus de pensées de peurs que de pensées positives. Nous avons vu aussi que nos ruminations sont 30 fois plus importantes que nos pensées conscientes. Nous avons vu qu’il est très difficile, voir impossible de percevoir ses pensées cachées et que pourtant elles agissent en permanence sur notre psychisme.
En regroupant toutes ces informations, on peut comprendre que la grande majorité des personnes ruminent sans le savoir des informations négatives.
Cette prise de conscience est difficile. Car très peu de personnes peuvent percevoir ce mécanisme discret de la pensée.
Mais cette négativité intérieure créée par le mental analytique est tellement importante, que de nombreuses personnes passent leur temps à vouloir fuir leurs propres pensées automatisées sans en avoir conscience.
Quelles sont les ruminations que nous fuyons sans le savoir ?
Notre cerveau fabrique indéfiniment des pensées pendant toute notre vie. Chaque personne crée des pensées en fonction de ses apprentissages et de son histoire de vie. Régulièrement, on observe que les personnes souffrent de leurs ruminations trop orientées sur la notion de « jugement ». Cela crée souvent des pensées négatives et inconscientes qui jugent les autres ou qui créent la peur d’être jugé. Ces pensées peuvent revenir dans des ruminations furtives sans vraiment que la personne puisse en avoir pleinement conscience. Certaines personnes vont même se juger elle-même et souffrir de leur jugement. Nous verrons plus tard que ces pensées ont un impact important si ces ruminations sont excessivement négatives.
Mais les ruminations peuvent être encore plus agressives et fabriquer des pensées de « peurs ». Il serait difficile d’énumérer l’ensemble des peurs, car visiblement il y a autant de peurs que de personnes qui ressentent la peur. Les ruminations de peur sont souvent indirectement reliées à la peur de la mort, mais généralement cette peur inconsciente est déguisée au travers d’une peur qui fait filtre ou barrage afin de rester cachée de la conscience. (peur de l’avion, de l’eau, du sang, du vertige, des serpents, des ondes. etc…). Comme nous l’avons vu un peu avant, nous devons voir que nos ruminations de peurs sont automatisées. Elles nous échappent, elles apparaissent furtivement et se répètent de différentes manières. Il est important de savoir que de très nombreuses personnes subissent des ruminations de peurs. Si vous percevez ces pensées inconscientes négatives, il faut savoir que l’hypnothérapie est un moyen efficace pour s’alléger ou même supprimer ces pensées anxiogènes.
Le travail de l’hypnothérapeute est de déceler les peurs répétitives pour les mettre à jour et ne plus les laisser cachées dans l’inconscient.
S’alléger de ses ruminations de peurs semble important, car plus la personne va essayer de fuir sa peur, plus la peur va s’amplifier et s’automatiser. Il n’y a pas de limite dans l’intensité d’une peur, elle peut prendre une place importante et même bloquer la personne physiquement ou psychologiquement.
En quoi nos pensées sont-elles aussi importantes pour notre bien-être ?
L’orientation de nos pensées est capitale dans notre ressenti sur la vie. Que ce soit nos pensées conscientes ou nos ruminations inconscientes, l’impact est colossal sur notre perception à nous sentir bien ou mal tous les jours.
Nous avons donc tous intérêt à apprendre à gérer nos propres pensées. Pour cela nous devons nous alléger le plus vite possible du surplus de nos peurs répétitives qui n’ont aucun intérêt.
La plupart des personnes essayent en vain de fuir leurs ruminations sans en avoir conscience et cela cause régulièrement des troubles, puisque chaque pensée est un acte de création.
Quelles sont les répercussions liées à la la fuite des ruminations négatives ?
La liste est longue, j’aurais tendance à dire que beaucoup de maladies, de souffrances physiques et psychologiques sont liées à une mauvaise gestion de la pensée. Les répercussions sont lourdes si l’on accepte l’idée que les pensées automatisées agissent comme un harcèlement intériorisé.
Pour donner un exemple concret, une pensée de rancœur, de non-acceptation ou de culpabilité rattaché à un événement du passé peut avoir des répercussions extrêmement violentes sur le corps ou sur le psychisme d’une personne.
Mais si on regarde de plus près, on peut observer qu’un surplus de ruminations négatives est vite insupportable pour une personne. Ce désir de fuir ses propres pensées peut naturellement créer des troubles addictifs. Chacun sait que l’addiction est une fuite. Mais en observant de plus près on découvre que la personne cherche à fuir ses propres ruminations négatives. Le désir inconscient de combler un manque et de se rapprocher d’une vie idéalisée est souvent en lien avec ces pensées intériorisées. Mais cette quête est par ailleurs souvent impossible, ce qui crée inévitablement la profondeur des troubles addictifs.
Avec d’autres styles de ruminations, on retrouve les troubles de l’alimentation. Le rapport au corps est naturellement très en lien avec ces pensées négatives cachées dans l’inconscient. Le harcèlement intérieur rattaché à ces pensées s’active souvent sur l’idée de ne pas savoir s’aimer ou de ne pas savoir aimer l’autre pour être aimé en retour.
Cette souffrance totalement insupportable et intériorisée crée inévitablement un vide affectif que la personne doit combler. Chaque personne va alors créer un protocole spécifique pouvant déclencher des compulsions, de l’anorexie, de la boulimie et beaucoup d’autres manifestations en lien avec le poids et le corps.
Dans le cas des troubles phobiques, les ruminations peuvent engendrer des automatismes inconscients qui agissent sur le circuit de l’anxiété du cerveau. Ce circuit est impliqué dans la reproduction de certains comportements. Les troubles phobiques transforment anormalement ce circuit et entraînent souvent un déséquilibre en créant des situations autant incontrôlables qu’indésirables. Les personnes qui subissent la souffrance de la phobie sont confrontées à leurs propres ruminations. La petite voix intérieure impose des rituels particuliers et plus la personne essaye de se libérer de ses automatismes, plus le rituel devient gênant. La personne se trouve alors comme prisonnière de ses pensées et la peur se développe.
Dans le cas des troubles de l’humeur, les ruminations agissent à l’encontre de la personne. On pourrait alors parler d’un combat intériorisé. La petite voix intérieure crée souvent des pensées de jugement ou de culpabilité. Ce harcèlement non conscientisé provoque souvent une forme très personnelle de dépression.
Conclusion
La gestion des pensées et des émotions semble être au cœur de beaucoup de troubles et de maladies. Si c’est le cas, les ruminations perturbent énormément de personnes. Elles sont alors une forte source de souffrance, car la personne se sent victime de ses propres pensées.