Le cerveau possède une énorme puissance. Il génère automatiquement plus d’un milliard de milliards de connexions synaptiques par seconde. Certains spécialistes en neurologie expliquent qu’un cerveau humain crée en permanence davantage de connexions que le réseau internet mondial.
Le cerveau humain est donc constamment en train de penser et il a du mal à ralentir dans cette tâche de création. Les IRM prouvent aujourd’hui que même la nuit, le cerveau reste hyperactif. Il continue à créer des projections mentales sous forme de rêves.
Comme dit le médecin Serge Marquis, autant dire que nous sommes des êtres pensants et même parfois “trop pensants”, puisque nous constatons que nous sommes dans l’incapacité de freiner l’activité de notre cerveau.
D’un autre côté, le dynamisme de notre mental nous permet d’amplifier nos compétences et de pouvoir observer une évolution dans notre capacité à intégrer de nouveaux apprentissages.
Si le cerveau a un potentiel infini de possibilités de penser, il est également observable qu’il présente des faiblesses. Sur ce sujet, Albert Moukheiber, docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien, vient de publier : “Votre cerveau vous joue des tours”, aux éditions Allary, dans lequel il montre comment notre cerveau peut être piégé par des illusions.
Il nous explique que la structure de notre cerveau est basée avant tout sur nos connaissances et nos expériences. Celles-ci forgent avec le temps des croyances personnelles qui vont influencer nos intentions, puis nos actions et nos comportements.
Ainsi nous sommes facilement piégés par nos expériences passées puisqu’elles fixent inconsciemment des croyances limitées dans notre cerveau. Ces fixations peuvent être aussi nommées des conditionnements personnels.
Il est intéressant de rappeler qu’en 630 avant JC, Lao Tseu Père, Fondateur du Tao expliquait ce processus :
« Surveillez vos pensées,
elles deviennent vos paroles
Surveillez vos paroles,
elles deviennent vos actions
Surveillez vos actions,
elles deviennent vos habitudes
Surveillez vos habitudes,
elles deviennent votre personnalité
Surveillez votre personnalité,
elle devient votre destinée. »
Le dynamisme de notre cerveau fait qu’il crée spontanément des pensées qui sont sans utilité précise. Il est donc clairement observable que le cerveau peut facilement nous piéger par des pensées automatiques (peurs, tocs, angoisses, comportements d’auto sabotage, anticipations négatives…). Il est ainsi visible qu’une grande partie de nos ruminations (métacognitions) et de nos comportements échappent à notre contrôle. Pourtant les répétitions se font.
Nous devons admettre que nous réagissons automatiquement à des schémas enregistrés. Notre mémoire inconsciente répète des réflexes imprimés qui peuvent être douloureux. La souffrance apparaît souvent dans le sentiment de combattre des ruminations, des émotions, des sensations ou des comportements. Par cette lutte avec nous-mêmes, nous amplifions inconsciemment la perte :
de confiance,
d’estime,
de valeur ,
de notre amour-propre.
Par opposition, nous recherchons inconsciemment :
de la reconnaissance
de la valorisation
de la complétude
de la simplicité
de l’apaisement
Mais cela génère automatiquement :
un désir de combler
un besoin de récompense
une envie de libérer un vide
une volonté d’allégement
un quête d’apaisement…
Les ruminations sont complexes. Elles activent des réflexions qui nous amènent souvent dans un passé chargé de non acceptation et dans un futur souvent pessimiste. Dans cette perspective, l’idée naturelle de profiter du moment est généralement difficile.
Aujourd’hui, grâce aux IRM, nous savons que nous répétons à plus de 90% les mêmes schémas du jour au lendemain et il est observable que plus nous répétons un schéma, plus notre cerveau apprend à l’automatiser.
Cela revient à dire que plus nous répétons une peur, une croyance limitante ou un comportement, plus nous amplifions notre souffrance.
Le neurologue Alain Prochiant explique cette constatation : « Ce n’est pas le cerveau qui génère la pensée, mais c’est bien la pensée qui génère le cerveau. »
Dans cette direction, le cerveau peut facilement construire une illusion négative ou un cercle vicieux dans lequel la personne souffrante peut se sentir enfermée. Il est alors perçu une difficulté à maîtriser certaines pensées et certains comportements.
Avec le temps, cette complexité devient vite un combat personnel qui active une angoisse psychique ou physique. Cette souffrance augmente avec le sentiment de ne pas pouvoir échapper à l’automatisation des ruminations négatives. Très souvent cette lutte, entièrement menée par le mental, engendre un sentiment plus ou moins fort de culpabilité.
Il y environ 2500 ans, Platon expliquait déjà « Chacun, parce qu’il pense, est responsable de la sagesse ou de la folie de sa vie, c’est à dire de sa destinée ».
Cette introduction vise à expliquer que le cerveau ne sait pas vraiment gérer certaines tâches et que le mal-être ressenti est forcément lié aux complexités ou même aux incapacités générées par notre cerveau. En énumérant cette liste, il est facile de prendre conscience que la souffrance perçue est reliée à la répétition de certaines pensées négatives.
Notre cerveau est facilement piégé par certaines incapacités et par certaines illusions. Le cerveau ne sait pas vraiment :
Être dans le présent
Arrêter de ruminer
Lâcher l’inquiétude
Se libérer du passé douloureux
Lâcher le désir de contrôler
Dissoudre une peur
Se libérer d’un cercle vicieux
Activer un sentiment de confiance
Stopper les anticipations négatives
Lâcher les doutes répétitifs
Libérer certains comportements inutiles
Ressentir le calme
Se délester du jugement
Arrêter de culpabiliser
Ne pas penser
Équilibrer les émotions
Libérer une douleur
Aimer pleinement
Lâcher les répétitions douloureuses
Générer de la pensée positive
Et tout simplement lâcher prise
Comme nous venons de le voir, la plupart de nos souffrances surgissent du fait que notre cerveau ne sait pas résoudre/ appréhender facilement certaines tâches. Mais à partir du moment où nous en avons conscience, il semble important de mettre en place une approche personnelle pour libérer la douleur enregistrée et sortir de cet enfermement / limitation.
Cet article est une invitation à lâcher beaucoup plus rapidement les combats et les culpabilités qui nourrissent le cercle vicieux de nos souffrances. C’est une proposition à créer le changement, en sortant de cette spirale orchestrée uniquement par la structure rigide de notre mental (pensées, émotions, comportements d’auto sabotage).
Mais il est possible de reprendre confiance, puisque notre cerveau a aussi beaucoup de ressources positives. Il peut évoluer et transformer les schémas mentaux, surtout si nous avons le réel désir de nous libérer des répétitions douloureuses et si nous voulons vraiment percevoir l’apaisement du corps et des pensées.
Le métier d’hypnothérapeute peut être utile pour libérer les pressions exercées par le mental. Aujourd’hui l’hypnose permet de traiter de nombreux problèmes, tels que l’anxiété, les phobies, les traumatismes, les troubles du sommeil, les addictions, les troubles de l’alimentation.
En quelques séances de travail, l’hypnose peut faire évoluer les schémas répétitifs et anxiogènes.
Si le cerveau a du mal à produire certaines taches, il est heureusement possible de créer les apprentissages nécessaires pour rééquilibrer certaines pensées, émotions et comportements.
L’hypnothérapeute a pour objectif d’aider la personne à créer une forme de « mise à jour » du mental. Cette démarche vise à libérer les anciennes croyances négatives enregistrées et manifestées automatiquement par le cerveau.
En conclusion, la formidable puissance du cerveau humain peut être à la fois notre adversaire mais aussi notre alliée.
« Nos pensées peuvent être à la fois nos meilleures amies et nos pires ennemies. » Matthieu Ricard
En prenant conscience de ces limitations, nous pouvons entreprendre une démarche personnelle pour libérer la souffrance enregistrée et briser les cycles destructeurs de nos pensées et comportements. Il est essentiel de reconnaître que nous avons le pouvoir de changer notre rapport à notre mental, nos émotions et nos schémas de pensée, pour ainsi trouver l’apaisement et la transformation intérieure.
Plutôt que de nous laisser emprisonner par nos propres pensées, soyons les architectes de notre propre libération. En cultivant la bienveillance envers nous-mêmes, en observant l’orientation et la qualité de nos ruminations et en embrassant le changement, nous pouvons progressivement retrouver notre confiance et dépasser nos limitations mentales. Il est temps de laisser tomber les fardeaux du passé qui influencent beaucoup de nos conditionnements automatiques et d’embrasser pleinement le potentiel de guérison et de croissance que notre cerveau a à nous offrir.