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12 – Comment se libérer de ses ruminations ?

Notre cerveau marche en automatisant les tâches et nos ruminations font partie de ces automatismes. Si nos pensées automatiques sont positives, cela permet d’avancer souvent plus rapidement vers notre objectif. Mais il arrive souvent que nos ruminations soient négatives. Nous sommes alors généralement dans des vibrations et des ressentis chargés de doute, culpabilité, jugement, regret et parfois de colère… Ces émotions négatives ont la puissance de nous couper du bien-être que nous devrions ressentir dans le moment présent.
Si nous souhaitons réellement sortir de cette prison, si nous voulons simplement vivre dans le moment présent et ne pas rester bloqué dans nos pensées du passé, la question se pose alors : comment échapper à nos ruminations négatives ?

Dans un premier temps, il est important d’identifier la source exacte de nos ruminations. C’est-à-dire de bien observer les idées que l’on répète par nos pensées silencieuses. Il est intéressant de noter sur un papier les phrases automatisées. Le fait d’écrire permet d’extérioriser les pensées et donc d’en prendre conscience.
En devenant observateur des phrases que l’on rumine, en regardant, en acceptant de voir nos pensées négatives qui se répètent en nous, nous identifions déjà nos automatismes de la pensée.
Le fait d’observer, d’être capable d’identifier nos pensées douloureuses, est la base même du travail. Naturellement cela ne suffit pas, car il faut ensuite trouver le moyen de transformer ce schéma de pensées, si l’on souhaite réellement se libérer de nos automatismes négatifs.

Nous savons très bien que de se battre pour éliminer nos pensées douloureuses ne sert à rien. En effet, plus nous luttons contre nos pensées négatives, plus elles se manifestent en nous, plus elles se renforcent. Ce n’est donc pas dans ce combat intérieur que nous pouvons trouver une solution. Se battre contre nos souffrances crée une amplification sans limite de nos douleurs. Il est donc important de prendre conscience qu’il faut trouver un tout autre chemin pour s’alléger des négativités qui se répètent dans notre petite voix intérieure.

Pour cela il faut déjà observer et comprendre comment marche notre cerveau. Une de ses particularités est que notre cerveau ne peut pas penser à deux choses en même temps.
En effet, grâce à l’IRM on peut voir aujourd’hui qu’en fonction de la pensée créée, le cerveau allume une aire spécifique, puis si l’on fait le choix volontaire de penser à autre chose en faisant appel à une pensée différente, le cerveau va allumer une autre aire et donc éteindre la première. Pour donner un exemple, on pourrait dire que si l’on fait un parallèle avec une télévision, nous avons le choix de la chaîne. Mais nous savons très bien qu’il est impossible de regarder avec une seule télévision deux émissions en même temps. Nous devons faire un vrai choix.
Aussi, si vous ne souhaitez pas regarder un film chargé d’émotions anxiogènes, vous avez naturellement la possibilité de « zapper » pour regarder une autre émission plus positive. Encore faut il prendre conscience que l’angoisse extérieure crée de l’angoisse intérieure et donc qu’il y est un vrai désir conscient de se connecter sur le long terme à des émotions plus positives.
C’est un choix de vie.
Il est important, là encore, de bien connaître un autre mécanisme du cerveau.
Effectivement, notre cerveau est trois fois plus attiré par les émotions de peur que par les émotions de paix. De nombreux biologistes expliquent que c’est vraisemblablement un vieux réflexe que nous conservons de notre histoire. Notre cerveau garderait visiblement la mémoire de la protection et de la survie liées aux guerres et combats qui ont structuré notre histoire ainsi que notre désir de survie. D’autres biologistes expliquent que nos peurs viennent de notre cerveau reptilien. En effet cette partie primitive de notre cerveau est à la base de nos pensées. Notre cerveau reptilien crée toujours des réflexes de survie, cette mécanique rattachée à la pensée fait partie intégrante de notre nature biologique. Nous devons admettre que notre cerveau reptilien est présent en chacun de nous et que nos peurs sont naturelles.
Pour évoluer vers notre paix intérieure, il faut vouloir dépasser cette partie de nous même qui est naturellement attirée par la peur. Il faut vouloir dépasser nos peurs, jouer d’elles pour mieux s’en libérer.
Notre désir conscient de vivre dans la sérénité doit devenir un choix personnel, une résolution choisie. Notre conscience décide d’évoluer et d’aller au dessus des peurs qui nous freinent. Notre conscience fait le choix de vivre.

La technique la plus simple pour se libérer de nos ruminations négatives est donc de « zapper » consciemment et systématiquement avec les vieilles pensées que nous ne voulons plus ruminer.
L’idée est donc de se connecter à chaque fois sur une pensée positive. Il est important de savoir à l’avance à quelle pensée se connecter. Je vous propose donc de réfléchir maintenant à trois choses que vous aimez plus que tout : personnes, lieux, saveurs, parfums, etc.…
Le travail de « zapping » de la pensée doit durer 2 ou 3 secondes. C’est très simple : j’observe la rumination négative et je me connecte à ma pensée positive. Il est important de préciser que cette technique n’est pas de fuir négativement la pensée. Ce travail doit se faire consciemment avec plaisir, avec le sourire. C’est votre conscience qui observe la rumination, pour la transformer avec joie. C’est votre conscience qui se libère dans le plaisir.

Maintenant, il faut préciser que nos ruminations sont très souvent liées à une situation qui n’est pas acceptée. En d’autres termes, il y a souvent de la colère qui se cache derrière les répétitions de nos pensées.
Nous devons comprendre avant tout que nous devons faire le choix de pacifier l’évènement, nous devons calmer nos émotions envers cette situation, personne ou ce groupe. Il y a donc tout un travail de « deuil » dans son sens large. L’idée est de ne pas renier la souffrance, mais plutôt d’aller le plus possible vers l’acceptation. C’est souvent là que la situation coince. Une partie de nous « notre Ego » ne souhaite pas lâcher. L’acceptation et encore moins le pardon semble inconcevable, inacceptable. Notre Ego préfère la souffrance à la paix. Notre Ego est capable de s’identifier à de la négativité. Face à ce choix notre conscience semble impuissante à cette mécanique interne. Nous avons alors l’impression d’être victime de nous même. Notre Ego existe dans ce désir d’avoir raison et de souffrir pour exister, pour Être. Il y a donc un travail de deuil pour faire évoluer notre façon de voir les choses. Nous devons observer les situations que nous n’avons pas acceptées pour lâcher prise avec la négativité que nous ruminons inconsciemment. En d’autres termes, il y a un travail pour apprendre à ne plus s’identifier aux événements du passé et à se libérer des émotions négatives liées au passé (culpabilité, jugement, colère…)
Tant que nous ne faisons pas ce travail de deuil et de non identification, nos ruminations fonctionnent comme un harcèlement que nous nous infligeons à nous même.
Si nous souhaitons la paix intérieure, nous devons choisir consciemment de faire avant tout la paix à l’extérieur. De faire le vrai choix de vivre uniquement dans la joie et le moment présent.

Pour conclure, je reprends la citation d’Alain Prochiantz, un des neurologues les plus réputés de France : «Ce n’est pas le cerveau qui génère la pensée, mais c’est bien la pensée qui génère le cerveau».

En apprenant à votre cerveau de lâcher, « de zapper » vos ruminations négatives, il s’adapte et vous donne progressivement la liberté que vous cherchiez à l’extérieur de vous même.

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