17-Deuil

La notion de deuil

Il est fort probable que cet article n’attire pas votre attention. Déjà parce que dans notre culture, nous avons l’habitude de fuir l’idée de la mort et donc l’idée du deuil, mais aussi parce que vous avez autre chose à faire de plus joyeux. Je vous comprends. Mais notre

réalité nous amène un jour ou l’autre à traverser cette grande étape de souffrance.

Ce texte vise à aider les personnes touchées par le deuil. Alors si vous n’avez pas envie de le lire, vous pouvez toujours l’envoyer aux personnes sensibilisées. Cela devrait leur permettre de mieux comprendre le chemin à entreprendre pour répondre : goût à la vie.

L’étymologie du mot latin deuil se partage entre deux concepts. Le premier vient de « la douleur ». Cette douleur naturelle que l’on éprouve par la sensation profonde de séparation et d’abandon. Tandis que le deuxième vient de « duel ». Il y a donc dans les racines du deuil la notion de combat. On découvre souvent assez rapidement que ce combat est contre soi-même, car souvent derrière la douleur psychologique et la souffrance physique se cache de la non-acceptation.

Le deuil est un processus psychique qui se crée et qui se transforme à la perte d’un objet d’amour externe. En ce sens la notion de deuil est large. Souvent l’idée première qui vient à l’esprit est le décès de quelqu’un. Mais, vu les souffrances, il me semble intéressant d’ouvrir le champ de ces blessures intérieures, car de nombreuses personnes se battent avec cette même souffrance et avec la même intensité, sans jamais avoir perdu quelqu’un. Je propose d’ouvrir la notion de deuil et de l’élargir jusqu’au concept de « perte » et de « séparation » de manière à aider toutes les personnes qui souffrent sans comprendre pourquoi ou sans être comprise ou reconnue par l’ampleur de leur souffrance. Le deuil est une séparation de « ce que j’aime profondément, du fond du cœur ». Le deuil est une profonde blessure de l’âme.

Le deuil peut être ressenti pour quelqu’un qui perd aussi : -un animal de compagnie

-la maison de son enfance

-un objet très précieux

-un emploi

-une relation amoureuse

-etc…

En englobant toutes ces douleurs, de nombreuses personnes peuvent trouver une meilleure compréhension de leurs perceptions physiques et psychologiques.

Il y a souvent plusieurs étapes dans un deuil. Je vais m’attacher à expliquer sept phases assez distinctes que l’on observe généralement.

1-Le choc : Cette première étape est souvent violente et rapide, car la personne n’est

jamais assez préparée au départ. La personne est souvent sidérée, comme coupée de ses émotions. Ce choc est plus ou moins dur suivant l’état de cette préparation. Il y a des

séparations brusques, que l’on pourrait qualifier d’ultra-violentes, sans aucune

préparation (exemples : une jeune personne meurt dans un accident d’auto, un arrêt cardiaque, l’amour de sa vie qui claque la porte…). Il y a aussi des séparations avec un

impact moins violent car une préparation était déjà prévisible ou conscientisée (exemples : une personne malade, un être vivant très âgé, une entreprise qui bat de l’aile…).

La violence du choc est importante à prendre en compte. Il arrive très souvent qu’une personne non préparée perçoive des symptômes psychologiques ou physiques (exemples : migraines, insomnies, douleurs sans raison, maladies…). Il arrive régulièrement qu’en cas de choc violent dû à une séparation non préparée, le corps témoigne d’une forme de non-acceptation. La souffrance se manifeste alors sous forme d’un symptôme. L’hypnothérapeute se retrouve souvent face à la rancoeur du patient qui souffre et qui n’accepte pas de lâcher l’attachement. Même après plusieurs décennies, le symptôme peut rester ancré dans le corps. En hypnothérapie nous travaillons régulièrement en aidant la personne à se détacher de cette phase de non-acceptation qui est souvent autant inconsciente que libératrice. La personne peut porter des années une souffrance, sans s’apercevoir que symboliquement elle portait avant tout : son deuil.

2-Le déni : La personne refuse de croire en la séparation. La souffrance psychologique est tellement insupportable que la personne va refuser l’idée d’un deuil possible. Cette étape demande un accompagnement. La personne est encore sous le choc. Sa non-acceptation ne permet pas d’avancer. La personne à souvent envie de se replier sur elle-même, à s’enfermer seule. Le déni pousse la personne à garder ses anciens comportements,

comme si rien ne s’était passé. (Exemples : mettre le couvert de la personne décédée,

ranger les affaires, parler à la personne, continuer dans ses habitudes…). La personne souffrante rejète l’information, elle reste bloquée avec l’idée que « ce n’est pas possible ». Une forme de dépression se fait ressentir généralement.

3-La colère : La personne rentre dans une période de révolte intériorisée. Dans cette

troisième phase, la personne va rentrer en combat.

Mais le mental analytique ou l’ego de la personne peut créer de la colère vers l’extérieur, afin de décharger son surplus d’émotions de souffrance. Elle ne peut pas accepter sa

propre colère, alors elle exprime sa violence extérieure à sa façon sans jamais trouver de

solutions. C’est naturel, car on le sait : la colère est bien à l’intérieur de son corps et son corps témoigne de sa souffrance.

Il arrive souvent que la personne s’enferme dans un profond mutisme. Des pulsions de vengeance peuvent ainsi la pousser à avoir des comportements qu’elle ne comprend pas elle-même. L’acceptation du deuil ne se fait pas encore. L’impossibilité de revenir dans le passé et de retrouver l’amour externe se fait alors ressentir.

Dans sa colère la personne va alors traverser d’autres émotions négatives comme : des reproches, des regrets, des remords, de la culpabilité, du ressentiment, du dégoût, de la répulsion, de la séduction, de l’agression. Il arrive très souvent que cette étape de deuil crée aussi des symptômes physiques douloureux. Le corps va comme d’habitude rejeter à

sa façon les émotions de souffrance créées par le mental analytique et l’ego.

4-La tristesse : La personne rentre progressivement dans une étape où elle doit se rendre à l’évidence. La présence physique n’est plus là. La personne est alors désespérée, désemparée.

Une nouvelle émotion négative vient se rajouter à la liste : l’injustice. La tristesse se prolonge souvent par une autre émotion : la peur. Cette peur est souvent générée par le changement. Cette peur augmente par de nombreux questionnements. Le doute sur le futur fait partie de cette étape de souffrance.

5-La résignation : Après avoir ressenti toutes les souffrances, après avoir traversé toutes ses épreuves et ses émotions de douleurs, la personne commence à lâcher une partie de sa non-acceptation et sa rancoeur. Généralement la personne se sent plus ou moins perdue. Elle ne voit aucun horizon et réagit au jour le jour sans aucune direction. La personne se sent séparée, abandonnée ou rejetée.

6-L’acceptation : La personne commence à accepter la perte. Il arrive souvent que même dans cette phase, la peur liée au traumatisme du choc bloque le corps dans une souffrance non conscientisée. Mais psychologiquement, l’acceptation se fait avec le

temps. Les émotions négatives que l’on s’inflige se calment. La personne accepte progressivement la perte (de l’être cher, de la petite amie, ou du travail, de son bien, de son animal adoré…). A ce stade la personne fait généralement le tri de ses souvenirs heureux et malheureux. Cette étape d’acceptation s’accompagne d’une perspective qui s’ouvre vers le futur. Un début de confiance commence à renaître.

7-La reconstruction : La personne commence à accepter l’idée de se reconstruire. La personne en deuil prend conscience de son besoin de se réorganiser et donc de se recréer. Cette étape est une phase d’évolution, de transformation. La personne prend conscience de ses capacités, de ses libertés, du champ des possibles. Elle apprend à se retrouver. Elle peut être traversée par une forme d’ouverture spirituelle qui questionne généralement sur le sens de sa vie et sur le rôle de son existence. La confiance revient progressivement pour recréer un nouveau départ. La conscience s’ouvre à nouveau sur l’idée de continuer à sa manière. Sur l’idée de dire « oui » à la Vie.

Le deuil est comme on vient de le voir, n’est pas simple. C’est un enchaînement d’étapes psychiques. Chaque stade permet de faire évoluer lentement la personne entre la non- acceptation et l’acceptation de la perte d’un objet d’amour extérieur. La relation de cause à

effet dû au choc peut engendrer des symptômes physiques non conscientisés. Il faut

savoir que l’hypnose vise à libérer ces souffrances cachées. Il arrive très souvent que la partie inconsciente de la personne reste blessée par la violence de la disparition. Une peur profonde est encore fixée dans le corps comme une ancre qui empêche un bateau d’avancer. L’hypnothérapie est un moyen de lâcher ses ancrages profonds. L’idée de redémarrer et de retrouver son équilibre est naturelle. C’est bien connu « la nature fait bien les choses ».

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